Des pancartes dans une manifestation. On peut y lire « Make America Fashion Again » avec une photo de Donald Trump maquillé.

Sous Trump, l’industrie de la mode file un mauvais coton

Quand on parle politique, ce n’est pas forcément la mode qui vient à l’esprit. Et pourtant, l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis le 7 novembre dernier annonce son lot de changements dans le secteur pour le meilleur… ou pour le pire. 

« Fashion for our future ». C’est le slogan que l’on pouvait lire sur les tee-shirts de nombreux·ses acteur·ices du secteur textile lors de la Fashion Week de New York, le 6 septembre dernier. Cette manifestation pour inciter les citoyen·nes à voter avait, en effet, réuni plusieurs designers, mannequins et journalistes dans les rues de la Grosse Pomme. Parmi elleux, Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, qui ne cache pas son soutien au parti démocrate. La victoire de Trump et son programme protectionniste « America First » promet certains chamboulements au sein de l’industrie de la mode qui représentait, en 2022, 1.53 milliers de milliards de dollars de chiffre d’affaires (Statista). Les mutations envisagées par cette présidence pourraient affecter les marques de modes dépendantes des chaînes d’approvisionnement internationales, les progrès réalisés en termes de transition écologique mais aussi le pouvoir d’achat des consommateur·ices.

This ain’t Taxes 

Selon la United States Fashion Industry Association, près de 98% des vêtements consommés aux États-Unis sont importés. Or, l’une des mesures phares annoncées par Donald Trump lors de sa campagne est l’introduction d’une taxe de 10 à 20% sur les importations. Celle-ci s’élèverait même à 60% pour les produits d’origine chinoise. Ces droits de douane, couplés à une main d’œuvre moins régulée et un impôt sur les sociétés réduit, ont pour but d’encourager les entreprises locales et de baisser l’inflation. Mais dans le secteur de la mode, le résultat n’est pas garanti. 

En effet, cette industrie repose en grande partie sur la main-d’œuvre peu chère proposée par des pays comme la Chine. Ces taxes vont augmenter les coûts d’importation pour les entreprises et donc les forcer à délocaliser. Deux choix s’offrent à elles : se tourner vers d’autres pays comme le Vietnam ou l’Inde ou rapatrier l’essentiel de la production à domicile. Dans tous les cas, ce sont les petites entreprises en manque de moyens qui en pâtiront. Cela pose également  une question : Est-ce que le secteur textile étasunien à la capacité de produire en grande quantité localement ? 

Du côté des consommateur·ices, ces droits de douanes signifieraient une perte considérable de pouvoir d’achat, qui est déjà au plus bas. D’après la National Retail Federation, le prix des produits de mode grimperait jusqu’à 20%. 

La « nouvelle arnaque verte »

Même si son programme ne touche pas spécifiquement à la mode durable, quand il s’agit d’écologie, Trump a une idée fixe. Pour lui, cette « nouvelle arnaque verte » n’est rien d’autre qu’un « canular »… Il souhaite ainsi retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme lors de son premier mandat en 2017. Il a également annoncé mettre fin au Green New Deal qui vise à faire sortir le pays des énergies fossiles tout en encourageant la justice sociale. Pour lui, ce n’est que « la plus grande escroquerie de l’histoire ». 

Et comme un malheur ne vient jamais seul, Trump a pour projet de supprimer le volet environnemental de l’Inflation Reduction Act (IRA) de la présidence Biden. Cette législation a pour but de réduire l’inflation, le déficit budgétaire et d’inscrire les États-Unis dans une démarche décarbonée. L’IRA constitue donc un tournant majeur dans les politiques climatiques américaines, proposant des incitations financières pour favoriser la transition écologique. Si l’ensemble de ces mesures sont prises, beaucoup de marques qui ont commencé à entreprendre cette transition pourraient revenir sur leur décision ou répercuter le prix sur les consommateur·ices. Le secteur de la mode, qui est l’un des plus polluants du monde, ferait alors un énorme pas en arrière en termes d’écologie.

Axelle Dusart

© Unsplash / Retouches : Maureen Manenc

Axelle dans la rue.

About the Author

Axelle Dusart

Rédactrice permanente pour Blazé·e·s Magazine. Étudiante en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode de Lyon. Je viens d’une formation en Études Culturelles et Journalisme. J’aime explorer les implications sociales et politiques de la mode dans mes articles.