Avant d’être une vocation, la mode est une passion pour Clarisse Siora. À seulement 22 ans, elle aspire à construire une carrière dans l’univers de la mode.
Après des études de modes, Clarisse choisit de prendre une année de césure pour se recentrer sur son premier amour, la création textile. Elle décide que rien ne l’empêchera d’atteindre son rêve d’un jour développer sa marque. Si travailler dans le secteur de ses rêves lui semblait inimaginable, aujourd’hui elle ne se voit pas faire autre chose.
Blazé.e.s. Comment as-tu rejoint le monde de la mode ?
Clarisse. Tout a commencé au collège, en regardant des documentaires et des vidéos YouTube comme celles de Loïc Prigent. J’adore comprendre la minutie de la mode et tous ses métiers. La mode est devenue une passion, même si je la gardais secrète. Avec mon baccalauréat scientifique, je n’avais pas assez de bagage pour le portfolio des DNMADE donc j’ai fini par m’inscrire à un BTS Modélisme. En fin de compte, je n’ai pas regretté car j’ai énormément appris. Puis, j’ai déménagé à Lyon et j’ai suivi des cours de design de mode à l’Ecole des Condés pendant un an. Je me suis toujours dit que les métiers de la mode ne pouvaient pas être de vrais métiers, ou plutôt que ce n’était pas possible pour moi. Mais je ne me suis pas laissé le choix. C’était la mode ou rien. Il me fallait des études qui avaient du sens.
Peux-tu nous raconter l’histoire de ta première machine à coudre ?
Au tout début de mon BTS j’utilisais la vieille machine de ma grand-mère car elle avait pour habitude de coudre et c’était très significative. La première machine que j’ai achetée remonte au début de mes études. Elle ne coûtait pas très cher car je ne savais pas comment la choisir. Aujourd’hui j’en ai plusieurs mais j’ai gardé la toute première.
« L’aspect créatif de la mode laisse une grande liberté mais il ne faut pas oublier son impact sur la planète. »
Qu’est-ce qui te plaît dans la mode ?
La création. Me dire que je suis capable de créer une tenue de A à Z, en partant d’un sujet lambda en passant par le dessin et la couture, c’est tout un processus que je trouve fou !
Quel est ton point de vue sur l’industrie de la mode ?
Mon avis est mitigé. Rien qu’au niveau des pratiques, il y a beaucoup trop de surconsommation. Quand j’observe mes amis, je me dis que nous ne pouvons pas continuer comme ça. Il y a trop de répercussions sur la planète. En BTS, une artiste était venue créer des vêtements à partir d’autres pièces vestimentaires qu’elle avait trouvées en friperie. Ce projet a soulevé des questions sur la contrainte du tissu, de son usage et de ses chutes massives. L’aspect créatif de la mode laisse une grande liberté mais il ne faut pas oublier son impact sur la planète.
Quelles expériences ont été les plus enrichissantes dans ton parcours ?
J’ai fait un stage très différent de ce qui est enseigné en BTS. Sinon, une des expériences qui m’a le plus marquée, est la venue d’une artiste pendant ma deuxième année d’étude. Elle nous avait confié ses dessins et nous leur avions donné vie. C’était un challenge vu notre niveau. Au final, c’était une expérience très enrichissante. Collaborer avec quelqu’un et reproduire ses dessins, était une grande opportunité, qui se fait rare lors des stages par exemple. Et nous avons eu la chance de voir les tenues portées lors d’un défilé. De la création, au son et à la lumière, nous avons pu toucher à tout.
Sur quels projets aimerais-tu travailler pendant ton année de césure ?
J’aimerais beaucoup travailler sur le développement de ma marque ou d’une mini collection. En école nous n’avons pas le temps de créer, c’est impossible. En fonction de mon temps, j’aimerais aussi toucher à la vidéo. Je pense qu’une année est suffisante pour réfléchir à l’élaboration d’une marque, pour trouver ce que je veux créer et quel message je veux transmettre.
Comment définirais-tu ton style ?
Ça dépend. Il y a beaucoup de styles que j’aime. Mon style est plutôt streetwear. J’aime aussi mélanger des pièces plus chic avec d’autres plus classiques. J’aime l’idée de porter des mocassins avec des vêtements qui sortent de ce style prédéfinis, comme avec un jean ou un bombers.

Et celui de tes futures créations ?
La plupart du temps, lorsque je crée, je respecte un sujet puisque c’est le fonctionnement de l’école. Un des sujets m’a inspirée à réaliser une création qui était dans la direction artistique de Rick Owens. Il m’a permis de sortir de ma zone de confort. Si je dois développer une marque je ne pense pas que je ferai du streetwear car ce n’est pas ce qui m’anime le plus dans la mode. Je pense que mon style vestimentaire ne définit pas forcément celui de mes créations. Et si un jour je crée du streetwear, il y aura un mélange d’autres styles.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
J’aime beaucoup Alexander McQueen. J’aime aussi Mugler car je le trouve percutant autant dans les défilés que artistiquement et visuellement. Les vêtements sont importants mais l’extérieur des défilés l’est tout autant. Les vêtements ne font pas tout dans la mode, il y a la musique, et plein d’autres choses. J’aime aussi Issey Miyake, pour son apport à la mode et la façon dont il a imposé ses vêtements plissés.
Quels sont tes rêves ?
J’aimerais partir à l’étranger. Certes, nous sommes en France et Paris est la capitale de la mode mais je veux voyager. Je pense que c’est super important. J’aimerais travailler dans le luxe mais sans y rester, pour connaître le milieu. Je préfère les plus petites marques. Parfois, les entreprises familiales peuvent apporter un savoir différent, qui est tout aussi intéressant. Et après, développer ma marque petit à petit.
Si tu devais être un objet mode, lequel serais-tu ?
Un sac. Quand j’ai fait mon BTS mode, à l’étage du dessous, il y avait des étudiants en maroquinerie. À chaque fois que je passais devant leurs ateliers j’étais émerveillée. Le savoir-faire est très admirable. Le sac est un accessoire qui est intemporel, et pourtant, constamment marqué par la nouveauté. Pour moi c’est un accessoire qui peut faire toute la différence dans une tenue.
Violaine Charvet
© Clarisse Siora

About the Author
Violaine Charvet
Rédactrice permanente pour Blazé∙e∙s Magazine. Etudiante en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode Lyon 2. J’ai suivi une formation en Information Communication. J’aspire à écrire des articles culturels en lien avec la mode.