Entre deux mondes, le style de Maddie Peterson

Américaine de naissance mais française de cœur, Maddie Peterson marie à la perfection l’esprit rebelle du grunge américain avec l’élégance du chic français. De Portland à Lyon, elle tisse son style comme un fil entre deux cultures, entre liberté et raffinement.

Devant l’écran de son ordinateur, Maddie Peterson est assise sur son canapé dans son studio lyonnais. Elle porte un sweat vintage Y2K assorti à une jupe noire qu’elle a trouvée dans une boutique grenobloise lors d’une escapade mémorable. À son poignet, un bracelet evil eye veille discrètement, tandis que ses boucles d’oreilles, héritées de sa grand-mère, ajoutent une touche de grâce intemporelle à sa tenue. Une bague achetée à Salem scintille doucement à sa main, et autour de son cou pend un collier d’amitié de la collection Heaven by Marc Jacobs, rappel d’un lien précieux. Elle est là pour raconter son histoire et les raisons qui l’ont menée en France, parmi lesquelles la mode.  

Avant de poser ses valises à Lyon, Maddie Peterson vivait à Nantes, où elle a terminé sa licence en 2020. Après avoir travaillé comme assistante d’anglais pendant deux ans, elle a décidé de poursuivre sa passion pour les langues et la culture. Elle s’est lancée dans un Master en Francophonie, coopérations culturelles et linguistiques à l’Université Jean Moulin de Lyon 3. « Je savais que je voulais quitter les États-Unis », explique-t-elle. « À l’époque, je détestais ce pays, mais maintenant, même si j’apprécie certains aspects, la politique me pèse de plus en plus ».

Entre Grunge et Chic

La mode aux États-Unis n’a jamais véritablement inspiré Maddie. Bien qu’elle reconnaisse que des villes comme San Francisco, New York ou Portland regorgent de styles intéressants, elle ne se sentait pas en phase avec les tendances locales. « Portland, c’est “hippy dippy”. Tout le monde porte une coupe mulet ou s’habille bien pour les randonnées », raconte-t-elle. En plus de son esprit bohème, Maddie aime aussi un look plus raffiné. « Lyon me permet de porter des pièces plus élégantes, comme des blazers, ce que je ne me verrais pas faire à Portland » où le style grunge règne. En France, elle se sent libre de mélanger différentes influences.

« Portland, c’est “hippy dippy”. »

Choisir Lyon plutôt que Paris s’est imposé naturellement pour Maddie. « J’ai un rapport love-hate avec Paris. Je l’ai visitée plusieurs fois, mais je n’ai jamais vécu là-bas. Lyon me parle plus » . Elle évoque son accent distinctif, une trace de ses origines américaines, et le contraste avec l’accueil qu’elle reçoit à Lyon. « Les gens ici sont plus ouverts. À Paris, c’est plus difficile » . Selon elle, Lyon offre une beauté authentique que Paris ne possède pas : c’est la scène artistique de la ville qui la séduit. « C’est une ville d’artistes, de créatifs » . 

Maddie aime brouiller les frontières entre les styles. Elle mixe le business casual avec une nuance de grunge, ses piercings étant un clin d’œil à son côté rebelle. « J’adore mélanger les genres », dit-elle, ajoutant une touche scandinave à son look, inspirée par l’équilibre entre minimalisme et audace. Sa marque préférée, Eytys, incarne cette fusion de modernité et de confort. En matière de grandes maisons, elle préfère celles qui repoussent les limites, comme Balenciaga, Miu Miu ou Jean Paul Gaultier, « des marques qui n’ont pas un style trop fixé » . 

Friperies et identité biculturelle

Loin de l’image d’une collectionneuse de vêtements de luxe, Maddie adore chiner dans les friperies pour dénicher des pièces uniques. « Les gens me disent souvent : “Si j’avais de l’argent, je porterais des choses comme toi”. Mais moi, je n’ai pas d’argent » . Elle aime passer des heures à chercher des trésors dans les ‘frix frix’ et parfois elle demande à ses amis de les transformer. Elle note cependant que le marché des friperies en France reste plus cher qu’aux États-Unis. « Là-bas, on a des magasins comme Goodwill ou Value Village, de véritables charity shops [boutiques solidaires, ndlr]. Ici, à Lyon, ce sont plus des magasins vintage que des charity shops » .

« Les gens me disent souvent : “Si j’avais de l’argent, je porterais des choses comme toi”. Mais moi, je n’ai pas d’argent. »

Cette passion pour les pièces uniques et chargées de sens se retrouve également dans deux t-shirts qui symbolisent parfaitement son lien avec ses deux cultures. Le premier, un t-shirt exubérant avec une petite image cachée de George Washington, reflète son côté américain. « C’est subtil et cool. Je me suis dit que le 4 juillet prochain, je vais le porter » explique-t-elle. Le second t-shirt, un modèle rose avec l’inscription « Eurotrash », incarne son côté français. « Il représente un peu mon côté français. Je le porte aussi lors des Drag shows ici ». Ces deux objets, à la fois décalés et significatifs, sont pour elle des souvenirs des deux mondes qui façonnent son identité.

Samuele Matteuzzi

© Maddie Peterson

About the Author

Samuele Matteuzzi

Rédacteur permanent pour Blazé·e·s Magazine et étudiant en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode de Lyon, je tisse des récits où la mode, les séries et les cultures se rencontrent pour raconter des histoires uniques. Mi-Italien, mi-Australien, je me considère comme un styliste de la langue : je façonne les mots avec la même précision qu’un couturier travaille ses étoffes. Après une licence en traduction et interprétation pour la mode, et une expérience comme professeur d’anglais, j’ai traversé l’Italie pour rejoindre Lyon, où je continue d’explorer les liens entre style et storytelling.