Couverture du single Guess de Charlie XCX ft. Billie Eilish, sous vêtements apparents

La mode sans dessus dessous

Longtemps considéré comme tabou, le sous-vêtement se porte aujourd’hui sans complexe. Cet indispensable d’ordinaire discret réapparaît maintenant là où on ne l’attend pas. Du no bra jusqu’au no pants, plongeons dans un monde sans dessus dessous. 

Schiaparelli fait du soutien-gorge un accessoire, Jean Paul Gaultier mise tout sur le corset… Les sous-vêtements étaient bien en évidence lors de cette Fashion Week Couture 2025. S’ils sont historiquement dissimulés, ils s’exposent désormais à la vue de toustes… et cela ne date pas d’hier. Dès les années 90, le milieu du rap s’adonne au sagging, pratique qui consiste à laisser tomber le pantalon sur les hanches pour révéler le caleçon. D’abord issu des prisons américaines interdisant les ceintures, il devient un symbole de reconnaissance, plus tard repris dans la culture populaire. Tout le monde a en tête Justin Bieber, l’un de ses principaux adeptes. 

Culotté⋅es ! 

Tendance apparue en 2022, le no pants a envahi aussi bien les podiums haute couture que les réseaux sociaux. Cette mode qui se résume, comme son nom l’indique, a ne pas porter de pantalon, a d’abord été observée chez Kendall Jenner. Très vite, l’enthousiasme est là. Miu-Miu fera du no-pants la star de son défilé Automne-Hiver 2023.

1. Kendall Jenner pour un shoot de paparazzi organisé par Bottega Venetta © Bottega Venetta. 2. Jane Fonda en justaucorps et collants pour son workout. © Paul Popper/Getty Images

Cette pratique est grandement inspirée du combo justaucorps/collant popularisé par les tenues de danse des rocking fifties. Dans les années 80, l’aérobic et les sex symbols, à l’instar de Jane Fonda, renouvellent cet engouement jusqu’à le transporter sur les podiums des années 90. En 2024, c’est JW Anderson et MSGM qui l’intègrent au vestiaire masculin. Le no pants s’impose alors comme une mode genderfluid qui reflète une époque où tout est à la vue de toustes. Dans le même esprit et avec la recrudescence de la mode des années 2000, c’est le caleçon parachute qui entre en scène, toujours sans distinction de genre. Dépassant du pantalon ou porté en short l’été, il marque le come-back du sagging version Y2k. 

No strings attached

Au-delà de la tendance éphémère, afficher ses sous-vêtements peut devenir une réelle revendication. Montrer ce qui se doit de rester caché, c’est renverser les règles implicites de la pudeur, c’est se libérer des normes. Le confinement de 2020 aura ainsi amplifié le phénomène du no bra, devenu terrain de lutte féministe bien après les mal nommées « bra-burning feminists » des années 60. Le soutien-gorge n’est maintenant plus sous le t-shirt mais au-dessus. Exemple avec les fameux trompe-l’œil proposés par la marque Vaquera ou par Alexander McQueen pour sa collection Automne-Hiver 2023/2024. 

Soutien gorge en feu, Shrek 3
Extrait du film Shrek 3. © DreamWorks

Ce mouvement invite à une véritable réflexion sur le concept du vêtement en lui-même. Authentique marque de fabrique, Martin Margiela amène la déconstruction du vêtement à un niveau supérieur et choisit d’exposer toutes les coutures. John Galliano poursuit dans cette même lignée en proposant une crinoline par-dessus la robe pour le défilé Artisanal 2024 de Maison Margiela. Champions indétrônés de la lingerie, Dolce & Gabbana font même du sous-vêtement une pièce de mode à part entière.

Axelle Dusart et Fanny Jonckeau

© Charlie XCX / Terrence O’Connor

Axelle dans la rue.

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Axelle Dusart

Rédactrice permanente pour Blazé·e·s Magazine. Étudiante en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode de Lyon. Je viens d’une formation en Études Culturelles et Journalisme. J’aime explorer les implications sociales et politiques de la mode dans mes articles.

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Fanny Jonckeau

Rédactrice permanente pour Blazé•e•s Magazine et étudiante en master Mode et Communication à Lyon 2. J’ai suivi une formation en sciences du langage et je m’intéresse aujourd’hui à ce que disent les vêtements. Au-delà d’une appréciation pour la création, j’envisage la mode comme un outil pour parler des enjeux contemporains et mettre en perspective nos habitudes de consommation.