La beauté est un outil de contrôle des corps, notamment celui des femmes. Des tendances TikTok comme le « Rat Boy Summer » aux discours marketing de l’industrie cosmétique, tout est une question de charme.
Plus besoin de ressembler à Brad Pitt pour faire fureur à Hollywood. Le « Rat Boy Summer » et le « Hot Rodent Boyfriend » sont deux tendances observées sur les réseaux sociaux, notamment après la sortie du film Challengers en avril 2024. Sur TikTok, des acteurs comme Josh O’Connor, Jeremy Allen White, ou encore Timothée Chalamet sont encensés pour leur physique… un peu décalé. Bien loin des standards de beauté hollywoodiens, les « rat boys » sont des hommes plutôt maigres, à la structure faciale anguleuse, aux antipodes de la masculinité toxique. Et, selon la toile, c’est ce qui les rend sexy. Mais cette mouvance, qui semble inclusive, cache en réalité quelque chose de plus problématique…
Double standard
S’ils ne correspondent pas tout à fait aux normes de beauté, ces « rat boys » n’en sont quand même pas si loin. Et, en plus d’être majoritairement des hommes blancs, ils n’ont pas eu à faire grand chose pour être considérés comme sexy. Dans un monde où les femmes sont critiquées à la seconde où elles posent un pied dans l’espace public, où l’on trouve des choses à redire même aux plus admirées, que des hommes aient juste à respirer pour être vu comme l’incarnation du charme… ça pose problème.
Cette forme de misogynie banalisée n’est pourtant pas peu courante, surtout sur internet. En plus d’être renforcée par ce genre de tendances, elle est véhiculée par le discours de toute une industrie. L’un de ses plus fidèles serviteurs : le pretty privilege, soit le bénéfice social que l’on peut tirer de sa beauté. Une étude menée par l’économiste Eva Sierminska en 2015 démontre que les personnes physiquement attrayantes gagnent jusqu’à 15% de plus que les autres.
Enough capitalism for today
Mais quel souci pour les femmes ? Et bien, contre toute attente, la beauté n’est pas un produit de la subjectivité humaine. En effet, elle est liée à de nombreuses représentations véhiculées par la société. Des écrans de télévisions aux magazines sur papier glacé en passant par les réseaux sociaux, les corps sont minces, les pores sont lissés, les cheveux chatoyants… sans tenir compte de la banale réalité. Et ces représentations sont notamment propagées par l’industrie de la beauté qui représentait 504 milliard de dollars en 2022.
Alors que les hommes, plus que d’être autorisés à sortir des canons de beauté, sont appréciés pour cela, les femmes, elles, doivent s’y conformer. Comment ? En achetant un nombre incalculable de produits pour le corps, de crèmes pour le visage et de soins pour les cheveux. Le pretty privilege, idéal inatteignable, profite alors à des industries qui s’en servent pour nous vendre leurs marchandises. Le marché de la beauté fabrique des problèmes fantômes et nous vend la solution pour y remédier.
Axelle Dusart
© The New Daily

About the Author
Axelle Dusart
Rédactrice permanente pour Blazé·e·s Magazine. Étudiante en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode de Lyon. Je viens d’une formation en Études Culturelles et Journalisme. J’aime explorer les implications politiques et sociales de la mode dans mes articles.