Pharell Williams et sa femme Helen Lasichanh au MET Gala 2021

La mode afro-américaine au coeur du MET Gala

Le MET Gala sera de retour à New York le 5 mai prochain avec comme thème « Superfine, Tailoring Black Style ». Une édition inédite, basée sur le dandysme noir, s’apprête à révéler ses secrets. 

Quel évènement plus iconique pour les fans de mode que le MET Gala ? Cet évènement de charité mettant à l’honneur le département du Costume Institute du Metropolitan Museum of Arts de New York revient une fois encore avec un nouveau thème. Pour cette édition 2025, Anna Wintour a officialisé le titre de l’exposition, « Superfine, Tailoring Black Style ». Inspiré par l’essai Slaves to Fashion : Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity paru en 2009 par Monica L.Miller, l’exposition retrace l’histoire du dandysme noir aux États-Unis. Elle couvrira le phenomène du 18ème siècle à l’ère contemporaine, au travers de multiples œuvres dont bien sûr, des vêtements de créateur⋅ices noir⋅es.

L’événement « prendra pour sujet le dandy noir et examinera l’importance du vêtement et du style dans la formation des identités noires dans la diaspora atlantique », détaille le magazine Vogue sous son post Instagram. Cette édition fait directement écho au mouvement BLM (Black Lives Matter) en 2020, elle marque donc un tournant dans les thèmes proposés. En se concentrant exclusivement sur une minorité, le MET va mettre en lumière bon nombre de créateur⋅ices inconnu⋅es du public. A quoi donc s’attendre ? 

Une édition hors du commun 

Cela faisait 22 ans que le Costume Institute n’avait pas mis la mode masculine à l’honneur. La dernière fois, c’était en 2003 avec l’exposition « Men in skirts ». Cinq ans après le mouvement BLM, à la suite du meurtre de George Floyd par un policier blanc, ce thème prend place dans une Amérique encore particulièrement divisée par le sujet. Avec l’élection de Donald Trump en novembre 2024 pour un second mandat, les questions de représentation des minorités sont plus que jamais au centre des conversations.

Au sein même du MET, le conservateur des collections du Costume Institute, Andrew Bolton, s’associe pour la première fois depuis sa prise de position à une conservatrice invitée. Conservatrice qui n’est autre que Monica L. Miller, l’autrice même de l’œuvre ayant inspiré l’édition à venir. Non seulement écrivaine, Miller est surtout une professeure à la tête du département de recherche des études africaines de la renommée Columbia University. Un mélange subtil qui promet donc une exposition unique en son genre à mi-chemin entre expression artistique et intellectuelle. 

Une présidence d’exception 

La reine de la mode, Anna Wintour, s’entoure à chaque édition de quelques stars pour présider l’événement. Cette année, elle sera exclusivement épaulée par des célébrités masculines et noires. Lebron James assurera le rôle de président d’honneur. Ce titre exclusif incite celui ou celle qui le porte à promouvoir l’exposition et à y participer directement. A ses côtés, Pharell Williams, Lewis Hamilton, Asap Rocky ainsi que Colman Domingo feront office d’invités d’honneur. 

Anna Wintour, Pharell Williams et Lewis Hamilton à l'annonce du thème du prochain MET Gala
© Taylor Hill / WireImage / Getty Images

Le dandysme noir représente ici la mode d’abord imposée aux esclaves afro-américain⋅es, puis son évolution dans le vestiaire masculin noir au fil des années. « Nous sommes les survivants de ce que sont peut-être les pires épreuves jamais subies par un groupe d’êtres humains, et non seulement nous avons survécu, mais nous avons porté la musique, la culture, la beauté et un langage universel à travers un océan et quatre siècles », déclare Pharell Williams, aujourd’hui directeur artistique pour la branche masculine de Louis Vuitton. 

Les possibles inspirations 

Les invité·es du MET ont souvent puisé leurs idées chez des artistes de renom dont l’image reflète le thème. Lors du gala 2021, sous la bannière « In America: A lexicon of fashion », Kendall Jenner s’était ainsi vêtue à la Audrey Hepburn. Avec cette nouvelle édition, des figures proéminentes des mouvements artistiques et civils noirs sont une source évidente d’inspiration. Idole incontournable du dandysme noir, Louis Armstrong est un modèle d’élégance. Son style raffiné alliant costume taillé et son nœud papillon constituerait une valeur sûre pour ces messieurs se tenant à distance de l’originalité. 

Des symboles du civil rights movement, reprenant des emblèmes comme Martin Luther King ou encore Rosa Parks, seront probablement incorporés aux tenues des invité⋅es . Dans cette continuité chronologique, le style disco, lui-même tiré de nombreux éléments de la mode africaine, risque de se retrouver dans les moodboards des designers. 

Les vagues du style streetwear, hip-hop, qui trouvent leurs racines dans le Bronx de New York, sont devenus des parties intégrantes du vestiaire noir dès les années 80. Les influences vintage de ses tenues revenant au goût du jour, des pièces up cyclées sont à prévoir. 

Dans une optique similaire, les créateur·ices noir·es vont être sous le feu des projecteurs. Des créations de Laquan Smith, Virgil Abloh, Olivier Rousteing ou encore Tracy Reese pourraient enfin être plus présentes que les habituels Versace, Chanel et Gucci. 

Lou Gindro

© Dimitrios Kambouris / Getty Images

Lou Gindro

About the Author

Lou Gindro

Rédactrice permanente pour Blazé·e·s Magazine. Etudiante en Master Mode et Communication à l’Université de la Mode Lyon 2. J’ai suivi une formation en Langues Etrangères Appliquées. Je perçois la mode comme une forme ultime d’art et d’expression et souhaite écrire sur ce sujet professionnellement.