Simone Ashley ou l’actrice qui rend les femmes indiennes visibles

Suite à la sortie de la deuxième saison de « La Chronique des Bridgerton », nous souhaitions revenir sur cette série à succès aux enjeux multiples. Si l’article du jour ne s’intéressera pas aux costumes très controversés, présentés dans la série Netflix, il préfèrera porter son attention sur les logiques de représentation, véhiculées au sein de cette dernière. Et pour cause, au cours de cette seconde saison, l’intrigue principale était centrée autour du couple « Kanthony », composé du vicomte Anthony (Johnathan Bailey) et de Kate Sharma interprétée par l’actrice britannique d’origine indienne Simone Ashley. Or, le choix de se tourner vers une femme indienne pour interpréter le premier rôle – notons que le second rôle féminin a également été attribué à une femme d’origine indienne (Charithra Chandran) – n’a rien d’anodin et soulève une question plus qu’actuelle autour de la représentation et du manque de représentation des actrices indiennes dans l’industrie cinématographique.

Manque de représentation des femmes indiennes dans les séries télévisées

… mais pas que puisqu’elles sont, en réalité, complètement écartées de la scène médiatique. Ainsi, rares sont les femmes d’origine indienne qui sont mises en avant dans le cinéma, mais aussi dans la publicité, la mode ou encore le secteur de la beauté. À l’inverse, il est triste de constater que ce sont toujours les mêmes figures qui sont reprises et « recyclées » par les productions, à l’instar de l’actrice Priyanka Chopra Jonas. Ancienne Miss Monde (2000) et star connue à l’international grâce aux films Bollywood, c’est l’une des seules personnalités indiennes à qui Hollywood a réellement donné sa chance. Car si les actrices indiennes remportent un vif succès dans les productions bollywoodiennes, il est bien plus rare de les voir jouer de grands rôles au sein du cinéma occidental.

Pourtant, ce sont des millions d’Indiennes qui vivent aujourd’hui dans ces pays occidentaux. En 2015, une étude sur la diaspora indienne révélait que plus de 4 millions d’Indiens résidaient aux États-Unis et presque 2 millions vivaient au Royaume-Uni, inscrivant ces deux pays parmi les plus grands lieux d’immigration de la population indienne. Néanmoins, les différents médias et médiums continuent d’invisibiliser ces femmes qui restent sous-représentées. Face à ce manque de représentation, les jeunes filles d’origine indienne ont donc du mal à s’identifier aux modèles qu’elles côtoient au quotidien, ne partageant très peu voire aucun attribut avec cette femme blanche, blonde, mince et fortunée qui inondent les productions en tout genre. 

La « révolution » Bridgerton

En ce sens, La Chronique des Bridgerton marque une évolution grâce à un casting diversifié, qui fait d’ailleurs toute la force de la série. Malgré un contexte aristocratique – la série prend place pendant la Régence en Angleterre, au début du XIXème siècle – qui voudrait que les producteurs se tournent vers des personnages blanc.hes (pour coller davantage à la réalité de l’époque dépeinte), ces derniers ont d’être plus inclusifs, incorporant des personnages de couleur et permettant non seulement une meilleure diversité au sein de la série mais aussi de questionner des enjeux raciaux et des rapports de domination.

Mené par la productrice Shonda Rims, ce parti pris a valu à la série de violentes critiques. Nombreux sont les spectateurs s’insurgeant face à la série qui ne serait pas représentative de l’époque aristocratique. Mais principal reproche émis concerne l’adaptation, jugée trop éloignée de la saga originale écrite par Julia Quinn, à travers la modification d’éléments narratifs ou le changement des noms et ethnies des personnages. Pour autant toutes les modifications apportées ont été approuvées par l’écrivaine elle-même. Et face aux critiques, Shonda Rims a affirmé que « Bridgerton n’a pas pour vocation de donner un cours d’histoire ». 

Dans cette seconde saison de la série, l’accent est tourné vers la culture indienne qui n’est pas caricaturée mais à l’inverse très justement décrite. Un véritable travail de recherche sur les coutumes et les moeurs semblent avoir été mené afin d’être le plus fidèle à la réalité possible comme en témoigne la préparation du thé à l’indienne ou encore le choix des accessoires.

La Chronique des Bridgerton Saison 2

Simone Ashley : du cinéma à la mode

Cette deuxième saison de Bridgerton marque également un tournant dans la carrière de Simone Ashley, qui se voit pour la première fois offrir un rôle d’une telle envergure. Mais l’influence de l’actrice indienne ne s’arrête pas aux frontières du cinéma, puisque la jeune star est désormais sollicitée par toute l’industrie hollywoodienne. Des TV shows, en passant par les unes de magazines de mode et les collaborations avec les marques les plus prestigieuses : Simone Ashley est partout (pour notre plus grand plaisir). Ainsi, nous avons pu la voir en couverture d’Elle, The Style ou encore Glamour. La star a également été sollicité par des maisons de luxe comme Valentino.

En parallèle, Charithra Chandran (qui incarne la jeune soeur de l’actrice dans la série) s’est vu proposée de poser pour des magazines comme Grazia et Teen Vogue. Vogue lui a même donné l’occasion de partager ses secrets de beauté, dans une vidéo disponible sur la chaine Youtube du célèbre magazine de mode. Et c’est en lisant les commentaires sous cette vidéo, que nous avons compris à quel point lutter pour une meilleure représentation des ethnies était un combat particulièrement important, afin de permettre à chacun.e de pouvoir s’identifier et se reconnaître à travers des figures médiatiques aux profils variés.

Aéris FONTAINE