Du 23 mars au 07 avril 2022 s’est tenue la seconde édition du Lyon Fashion Film Festival, portée par l’Université de la Mode de Lyon 2 afin de mettre à l’honneur ce genre cinématographique particulier. Le fashion film permet d’exprimer l’ADN et l’esprit d’une marque, de proposer sa vision de la mode ou de simplement raconter une histoire. Cette année, le thème était : ESPACE(S).
Des évènements ouverts au public ont été organisés durant cette période dans le but de faire découvrir l’univers du fashion film à tous ceux qui le voulaient et de pouvoir parler de mode. Nous avons notamment pu assister à la présentation du fond « Mode » de la Bibliothèque Municipale de Lyon, à une conférence d’Eleni Mouratidou, à la projection d’un film et participer à un workshop animé par Rémy Perrier.
Le jury composé de professionnels de la mode, du cinéma, de la communication et des médias a dû, à l’issu de ces quelques jours, déterminer quels étaient les fashion films étudiant et créateur qui seraient primés.
Présentation du programme et du fond « Mode »

Pascal Mourier, chroniqueur et reporter de mode, et Stéphanie Kunert, maîtresse de conférence à l’Université de la Mode Lyon 2, ont introduit la séance du mercredi 23 mars. Ils nous ont d’abord présenté ce qu’est un fashion film puis, les différentes contraintes qu’avaient les étudiants et les créateurs pour la réalisation. En effet, ils devaient tourner dans un décor lyonnais, créer une musique originale et placer la mode comme vecteur dramaturgique principal. La durée de leurs films devait être inférieure à dix minutes et ils devaient évidemment faire preuve d’imagination et interpréter le thème à leur manière. Nous avons pu voir des exemples notamment avec les « best of » des courts-métrages des années précédentes.
Axelle Garnier nous a ensuite présenté le fond « Mode » de la Bibliothèque Municipale de Lyon. En prenant le terme « livre à lire », elle souligne que nous n’avons pas tous la même définition d’un livre, tout comme il existe de nombreux formats de livres. Les livres de mode ne dérogent pas à la règle et se retrouvent sous de multiples formes. Les plus connus sont des monographies, des livres présentant une maison de couture, un style particulier ou l’univers d’un créateur. Appelés également « table books », ils sont une continuité de la marque et participent à l’entretien de son image. Mais il y a aussi des magazines de mode, des biographies, des essais sur la mode, des manuels techniques ou encore des livres d’artistes.
Vous pourrez donc retrouver une bonne sélection de livres de mode, de tous types, à la bibliothèque municipale. Et pour les intéressé.e.s, la Bibliothèque Universitaire Chevreul a elle aussi une collection de livres de mode, dans le fond « Mode et Art » au 5ème étage.
Conférence sur l’ouvrage Les politiques de re-présentation de l’industrie de la mode

Le lendemain, le jeudi 24 mars, nous nous sommes réunis pour écouter Eleni Mouratidou, maîtresse de conférence en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris 13, présenter ses réflexions à propos de l’industrie de la mode et ses politiques de représentations.
Pour faire écho au thème de cette année, elle explique que la mode dans l’espace public et médiatique se construit comme une forme de vie et occupe ces espaces de manière continue. Avec les fashion films, la mode va réinvestir les formats vidéos et produire des discours totaux sur sa propre esthétique.
Elle aborde les notions de dispositifs et de représentation – les représentations cultuelles, du religieux et du sacré, et les représentations du politique, de l’esthétisation et de la contestation. Elle parle aussi de la mode et de ses images, et de la mode en tant que loisir de réalité virtuelle. Vous pourrez approfondir ses notions en lisant son ouvrage Politiques de re–présentation de l’industrie de la mode. Citant Guy Debord, elle dit que « notre temps préfère l’image à la chose », et qu’ainsi peut-être nous accordons plus de sens à une vidéo de mode qu’à un accessoire de mode en lui-même.
La grande finale


Photos : PETITJEAN Mathilde
Après la projection du film House of Gucci la veille, le workshop-conférence du créateur Rémy Perrier (@nycto.office), « Défilés & analyses », avec le visionnage et l’analyse de défilés de mode de créateurs qui explorent les problématiques contemporaines, a eu lieu le jeudi 07 avril à 17h.
Enfin, à 18h30, les 6 films étudiants et 5 créateurs finalistes ont été projetés, accompagnés de leur synopsis ou d’un mot des réalisateurs. Des écoles italienne et espagnole étaient représentées, en plus des groupes d’étudiants à l’Université de la Mode Lyon 2. Quant aux marques de créateurs, elles étaient 4 lyonnaises et 1 internationale. Chaque film représentait donc une vision singulière de la thématique « ESPACE(S) », et ils furent, le jury l’a avoué lui-même, très dur à départager.
Le film créateur gagnant fut celui de Rémy Perrier, Spytasy. Dans celui-ci, il présente la collection d’automne 2021 de sa marque Nycto, avec sa vision LGBT dans l’espace public ; mais ce fashion film met aussi en scène son « espace personnel » puisqu’il a été réalisé et interprété par des membres de sa famille. Les étudiants remportant le prix furent le groupe 16h25 (@16h25_prod), avec leur film Programmé.e. Ils utilisent l’expression « brainwashing » au premier degré afin de dénoncer l’Ultra Fast Fashion, tout en racontant un voyage à travers l’espace-temps grâce à une machine à laver qui fait revivre des souvenirs…
Les fashion films sont donc importants pour la mode, tout comme pour le cinéma. Le Lyon Fashion Film Festival ouvre une réflexion sur les nouveaux enjeux de la mode et reflète les vices de la société à travers le regard d’une jeune génération. Jusqu’où donc la mode peut–elle nous servir d’appui pour dénoncer des problèmes de société ?
PETITJEAN Mathilde
Relecture : LAMBIN Noémie