À l’occasion du Fashion Film Festival sur la thématique « Espaces », l’Université de la Mode vous propose des articles relatifs à ce thème inspirant. L’article de cette semaine mettra à l’honneur le créateur japonais Ryunosuke Okazaki.
Récemment nommé parmi les huit finalistes du prestigieux concours LVMH, Ryunosuke Okazaki s’est imposé à travers un style inégalable, marqué par des références historiques et des techniques quasi-futuristes, nous invitant à travers chacune de ses collections à découvrir son univers unique, à voyager à travers l’espace et le temps.
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Passé, Présent, Futur
Appréhender le futur en tenant compte du passé, c’est le défi que semble s’être lancé Ryunosuke Okazaki. Né à Hiroshima en 1995, le créateur japonais vient tout juste d’être diplômé de l’Université des Arts de Tokyo (2021). Cette même année, il a reçu le premier prix lors de la « Graduation exhibition » (exposition consacrée à la remise des prix), organisée par ladite université et a fait ses premiers pas lors de la Fashion week à Tokyo.
Derrière chaque collection réalisée, le jeune talent développe un concept complexe, méticuleusement pensé et élaboré. « Automatism of Modeling » a notamment été inspiré par l’artiste surréaliste André Breton. À travers cette collection, Ryunosuke Okazaki a donc créé des pièces qui n’étaient pas définies par « la raison, le sens commun et la structure logique ». Résultat : des silhouettes extravagantes, qui viennent complètement ensevelir le corps.



Autre exemple marquant : sa collection « JomonJomon Head Pray », véritable hommage à ses origines japonaises puisque le créateur regarde vers le passé, en direction de la période japonaise du même nom (Jomon) à laquelle il emprunte la précision de ses poteries.
Si les références artistiques ou encore historiques inondent son travail, il n’en oublie pas pour autant les préoccupations actuelles et le futur à venir. Conscient des enjeux écologiques liés à la surproduction, le créateur s’engage dans une mode qui se veut plus responsable de l’environnement.


Nature et déconstruction
Ryunosuke Okazaki n’a cessé d’évoquer la nature dans son travail, véritable fil rouge qui lie l’ensemble de ses collections. En témoigne alors, une esthétique singulière faite de couleurs chatoyantes, motifs imbriqués les uns dans les autres et silhouettes ultra-dynamiques, qui se s’animent au contact du corps en mouvement. Ses collections laissent ainsi entrevoir des insectes géants, des fleurs tout en volume ou encore des champignons mutants, qui se prolifèrent sur des mannequins prisonnier.ères.
Et si la créativité de Ryunosuke Okazak n’est plus à prouver, il ne désigne pas sur une technicité remarquable, qui le place comme l’un des designers à suivre du moment et lui a valu son statut de finaliste au LVMH Prize.
Faisant le choix d’une mode architecturale, le jeune talent s’amuser à jouer des volumes et des espaces. Ses propositions se veulent conceptuelles, son style : expérimentale. Et l’exemple parfait se trouve (une fois de plus) dans sa collection « Automatism of Modeling » où il admet s’être laissé guider par … sa machine à coudre en ne cherchant pas à la contrôler.
Un rapide coup d’oeil à son travail et il nous apparait comme illisible mais une attention plus poussée et nous trouvons une certaine cohérence dans ces jeux de volume incessants, ses coloris criards et ses motifs grossiers qui forment un tout uni. Mais n’est-ce pas cette ambivalence qui définit Ryunosuke Okazak ? Et n’est-ce pas finalement ce qui fait la prouesse de ce dernier ?



Ainsi, Ryunosuke Okazaki s’inscrit dans cette nouvelle génération de designers, qui repoussent les limites du savoir-faire traditionnel, en proposant des pièces complètement innovantes. Résumer son travail au futurisme serait donc réducteur pour ce créateur qui place la faune et l’héritage historique au coeur de son processus créatif. Dans la même lignée, nous pouvons également citer la très prometteuse marque Dingyun Zhang, qui nous a récemment offert une sublime collaboration avec Moncler.
Découvrez également notre article sur la digitalisation des défilés de mode, écrit par Noémie Lambin.
Aéris FONTAINE