Madonna, 40 ans d’engagement et de lutte contre le SIDA

Avec plus de 335 millions de disques vendus, Madonna est l’artiste féminine la plus consommée de l’histoire. Reconnue pour son impact sur les industries de la musique et du divertissement, celle qui est aujourd’hui considérée comme la « Reine de la Pop » a prouvé à maintes reprises qu’elle était bien plus qu’une simple voix. Depuis 1983, Madonna s’est affirmée comme une véritable militante et philanthrope. Provocante et rebelle, l’interprète de Like A Virgin a continuellement allié sa créativité et ses engagements dans l’unique but de bousculer les normes sociales archaïques. En 2023, à l’occasion de ses 40 ans de carrière, le magazine Vanity Fair décide de mettre à l’honneur cette femme qui a considérablement chamboulé la pop culture. Aujourd’hui, Blazé.e.s vous propose de passer en revue quatre décennies d’un engagement et d’une lutte acharnée contre le SIDA. 

Les débuts d’une épidémie inquiétante

En 1983, des scientifiques trouvent un nom à cette maladie incurable et mortelle qui se propage de manière cataclysmique sur le monde depuis la fin des années 1970 : le SIDA. Ce virus qui provoque la destruction des cellules du système immunitaire s’est massivement transmis à cause de moyens limités de contraception et de dépistage, entrainant alors une pandémie. La même année, Madonna sort son premier album studio, Madonna. Cette nouvelle artiste est alors propulsée au rang de superstar internationale et surfe sur le succès. Néanmoins, le SIDA lui arrache plusieurs de ses amis les plus proches, Martin Burgoyne, Keith Haring, ou encore Christopher Flynn. La chanteuse décide alors de s’associer à la lutte contre cette maladie redoutable.

Les États-Unis font partie des premiers territoires à témoigner de la transmission fulgurante du VIH. Les médecins-chercheurs et infectiologues américains remarquent rapidement que la totalité des premiers cas infectés sont de jeunes hommes homosexuels. La communauté LGBTQIA+, déjà prise pour cible en raison de la montée fulgurante d’infections sexuellement transmissibles, est alors accusée d’être à l’origine de ce nouveau virus. Lynchée et stigmatisée, notamment par les institutions religieuses catholiques qui participent activement à proliférer de fausses croyances sur les moyens de transmission, la communauté LGBTQIA+ est réduite au silence. 

Madonna et ses actions à visées éducatives

Fervente défenseure de l’égalité et des droits homosexuels, Madonna décide alors d’utiliser sa notoriété pour contrer ces fausses informations. En 1989, elle publie son quatrième album studio, Like A Prayer, à l’intérieur duquel est incorporée une carte à but informatif et préventif, The Facts About AIDS. L’artiste mentionne le SIDA comme étant « an equal opportunity disease », et que les personnes touchées par cette maladie « regardless of their sexual orientation – deserve compassion and support, not violence and bigotry ». Vendu à près de 20 millions d’exemplaires dans le monde, l’album, accompagné de sa carte, a activement participé à la sensibilisation au port du préservatif, considéré, à l’époque, comme seul moyen de contraception efficace contre le virus. 

Madonna a activement participé à la recherche contre le SIDA. En 1987, elle rencontre Jacques Chirac, premier ministre français, et Line Renaud, présidente de l’Association des Artistes contre le SIDA, à qui elle remet un chèque d’une valeur de 85,000 dollars. La même année, elle s’associe à la Fondation Américaine pour la Recherche contre le SIDA (amfAR) à qui elle reverse la totalité des profits de la date New-Yorkaise de son Who’s That Girl World Tour, soit plus de 400,000 dollars. Madonna participe également à une soirée de fond organisée en 1991 par cette même association qui permet de récolter plus de 700,000 dollars pour la recherche. En 2008, accompagnée par l’actrice américaine Sharon Stone, elle récolte plus d’un million de dollars pour l’amfAR. 

Un engagement constant

Au début des années 2000, Madonna constate que le Malawi, un pays défavorisé de l’Afrique de l’Est, est particulièrement touché par le SIDA. Elle y fonde alors une association, Raising Malawi, qui vient en aide aux enfants orphelins dont les parents, victimes du SIDA, sont décédés. 

« En Amérique les enfants ont accès aux soins et à l’éducation. En Afrique, il faudrait au moins qu’ils profitent tous du traitement antirétroviral. Le SIDA est un tabou au Malawi : s’ils se déclarent, les porteurs du VIH se font expulser de leur village. L’histoire se répète. Je me souviens quand je vivais à Manhattan dans les années 1980. On n’avait pas identifié le virus, ni son délais d’incubation. Les gens tombaient malades et on se demandait ce qui se passait. La communauté gay tout entière a été marginalisée. C’était difficile puisque cela concernait des personnes que j’aimais. En Afrique, j’ai cette impression de déjà-vu ».

Extrait d’une interview accordée pour le journal du dimanche, propos RECUEILLIS par Stéphanie Delpeche à cannes le 22/05/2008

Depuis 2006, l’artiste a adopté quatre enfants malawiens et continue à œuvrer pour permettre l’accès au soin et à l’éducation des orphelins dans ce pays marginalisé. 

Plus récemment, en 2021, les propos sérophobes1 du rappeur DaBaby sur la scène du festival Rolling Loud Miami choquent. Il déclaré : « If you didn’t show up today with HIV, AIDS or any of them deadly sexual transmitted diseases that’ll make you die in two or three weeks, then put your cellphone lighter up ». Ses propos ont suscité de nombreuses réactions, notamment celle de Madonna qui s’est empressée de lui répondre via ses réseaux sociaux : 

« If you’re going to make hateful remarks to the LGBTQIA+ community about HIV/AIDS then know your facts: after decades of hard-won scientific research— there are lifesaving medicines available to children born with HIV, to people who contract HIV through blood transfusions, dirty needles, or exchange of bodily fluids. These new antiretrovirals can keep a person with AIDS alive for the rest of their lives! AIDS is not transmitted by standing next to someone in a crowd. I want to put my cellphone lighter up and pray for your ignorance. No one dies of AIDS in 2 or 3 weeks anymore. Thank God. »

Madonna via son compte instagram @madonna

En octobre 2023, Madonna embarque, pour la toute dernière fois, dans une tournée mondiale, The Celebration Tour. À 65 ans, la chanteuse souhaite, une fois de plus, renouveler son engagement envers la communauté LGBTQIA+ et les victimes du SIDA. Sur scène, elle interprète Live To Tell, une chanson émouvante, qu’elle dédie à ses amis les plus proches emportés par la maladie. Une performance qui se veut intime, honorant la mémoire des 40.1 millions de personnes décédés depuis le début de l’épidémie.  

Lucas Montagnon

  1. Sérophobie : attitude d’hostilité, de discrimination envers les personnes séropositives (infectées par le virus du VIH) ↩︎